Je me considère comme un voyageur aguerri. J’ai appris à voyager efficacement. Les vols à deux, trois escales ne me font plus peur. Il faut juste prévoir assez de temps entre les escales pour récupérer nos bagages et se déplacer vers notre prochain vol. Une heure entre deux escales est à éviter. Je suis arrivé à l’aéroport de Pékin à 17 h 30 et mon prochain vol partait à 20 h 20.
Alors comment ai-je pu rater un transit ?
C’est simple, je me suis dit que j’avais trop de temps à perdre. J’ai marché lentement jusqu’à la porte E51 de mon avion. J’avais faim, alors j’ai rebroussé chemin vers le centre commercial pour me chercher un restaurant. J’ai mangé et ensuite, j’ai traîné au restaurant. En le quittant, je me suis lentement dirigé vers la porte E51. À ce moment-là, j’ai voulu appeler ma femme au Vietnam et je ne pouvais pas, car je ne pouvais pas me connecter au réseau wifi. C’est dans ma nature parfois de m’arrêter longtemps sur des choses insignifiantes. Le wifi était un de ces moments-là et ça m’a coûté cher. Après 15 minutes d’essai, j’ai lâché prise. En arrivant devant la porte E51, il n’y avait personne. Je regarde l’écran de télé et je lis le message suivant : « Flight CA903 – Gate Closed ». Pour la première de ma vie, j’ai raté mon vol d’avion.
La vie parfois nous teste. Maintenant, je suis seul devant la porte E51, dans un cet immense aéroport de Pékin. Ses colonnes d’acier et de béton s’élèvent vers le ciel pour mieux les embrasser, mais, en ce moment, ils sont les uniques témoins de mon désespoir.
Je reprends lentement mes esprits. Il faudra que je change mon billet d’avion. Je repasse à travers la sécurité, en expliquant trois fois à l’agent qui comprend à moitié l’anglais. Au comptoir, éberlué et incrédule, le représentant d’Air China me juge des yeux. Il me dit que c’est marqué sur le billet : « les portes ferment 15 minutes avant l’heure de départ du vol ». J’acquiesce avec ma tête en lui signifiant : « je sais et je suis vraiment bête d’avoir raté mon vol ! »
Je lui demande :
- Quel est le prochain vol pour Ho Chi Minh City ?
- Demain, même heure, me répond-il.
- Merde, ok, je n’ai pas vraiment le choix.
Morale de l’histoire : il n’y a pas d’âge pour faire des erreurs coûteuses, mais je les accepte avec un petit sourire. Je retourne à la porte E51. Je m’assois sur une chaise à côté de l’entrée. L’attente va être longue. Je contemple l’immensité de l’aéroport de Pékin. L’endroit semble trop grand pour le nombre de passagers. Pour le moment, je suis seul, seul à attendre le prochain vol, et j’ai eu le temps de vous écrire mon histoire.